Histoire et patrimoine
Le bourg de Criquetot l’Esneval se trouve au point de rencontre de routes d’importances diverses : chemin de Grande Communication n°139, de Lillebonne à Antifer ; n°39, de Tancarville à Etretat ; n°79 d’Octeville à Fécamp.
Ces voies ont toutes et, en particulier, la dernière citée, des origines fort anciennes. La voie romaine joignant Harfleur à Fécamp passait non loin du tumulus situé au centre du bourg et ce seul fait permet de supposer comment est né le village et comment il a grandi.
Origines : la présence de l’homme à Criquetot l’Esneval remonte à la préhistoire ; la trouvaille de haches en pierre polie entre le Manoir de Mondeville et la ferme de l’Ecluse, de haches en bronze dans cette même partie de la commune, indique d’une manière certaine le passage d’humains et, probablement, leur séjour sur notre territoire. Récolte de souvenirs d’un passé fort ancien, au voisinage des sentiers gaulois, remplacés, bien plus tard, par les voies romaines citées plus haut.
La région où se trouve Criquetot était une zone de passage des échanges entre ce qui est l’Angleterre et le sud de la Gaule, avec une industrie du bronze sur les rives de la Seine à Sandouville. L’Etain venait par mer dans les ports d’Etretat et d’Yport, puis gagnait la Seine par portage au travers du plateau. Le village de Criquetot se trouvait bien près de l’un de ces sentiers et à pu être un lieu étape ou de refuge pour les marchands, et point de surveillance, vu l’altitude du lieu.
Examinons maintenant d’où vient le nom Criquetot l’Esneval:
Le premier des noms le composant, et le plus important du reste est formé de :
Crique : ou Kerch, qui, en celtique, signifie hauteur.
Tot : finale très fréquente dans le pays de Caux, et utilisée par tous les peuples scandinaves et signifiant maison.
Criquetot voudrait donc dire Maison de la hauteur et son origine remonterait, probablement, avant la conquête romaine.
La deuxième partie : L’Esneval est le surnom que le village tire de ses seigneurs suzerains, les barons d’Esneval, dont le Manoir Pavilly, au bord de l’Esne (Esne-val).
Ce qui précède nous permet de supposer comment s’est formé le village.
D’abord le choix d’un point élevé sur le plateau, à l’abri des eaux de ruissellement, avec une vue étendue, quelques huttes se construisent, puis un tumulus augmente la hauteur et forme un point d’observation ; des sentiers y aboutissent et le contournent.
L’occupation romaine de la Gaule a laissé sa marque à Criquetot, dont le plus ancien monument, appelé « chasteau » est la motte de terre toujours visible au centre du village. Cette butte de terre de construction artificielle constituait l’un des nombreux postes de surveillance militaire, destinés à protéger les voies de communication.
Criquetot est le centre de la baronnie jusqu’au 16ème siècle. Louis XI édifie le marché du village en 1476, Charles IX séjourne en 1563 au camp d’Azelonde, venant assiéger Le Havre alors occupé par les anglais. La région est un important foyer protestant durant le XVIème siècle. De 1606 à 1654, le patronage de Criquetot est aux mains de Claude PRUNELE. Maximilien DASTRON est le dernier seigneur de Criquetot l’Esneval, seul héritier des terres de ses aïeux, de 1762 à 1789, date à laquelle il dû partir à la Révolution, pour décéder à Rouen en 1806.
L’ancienne mairie a été construit sur un terrain de 1007 m² vendu par Monsieur JB FIQUET.
Ce terrain qui fait encore face à l’ancienne mairie et château est grevé d’une servitude liée à sa vente en 1839, l’acte stipulant que ce terrain « resterait toujours libre comme place publique ».
Ce bâtiment construit en 1839 faisait aussi et en même temps office de justice de paix et a été utilisé comme Mairie jusqu’à la construction de la nouvelle mairie en 1921.
A partir de cette date, l’ancienne mairie sera utilisée comme salle des fêtes et sera louée à partir de 1923 à l’association des anciens élèves garçons moyennant un loyer de 200 frs par an. Le bail sera renouvelé en 1929.
A compter de 1940, le rez-de-chaussée est loué au comité des fêtes et en 1946, l’étage devenait la salle de répétition de la société musicale, jusqu’en 1978, date à laquelle elle a été vendu à Monsieur MAUJEAN puis à Monsieur et Madame QUEVILLY, aujourd’hui propriétaire.
Le projet de construction de la nouvelle Mairie est abordé par le Conseil Municipal dès le 1er mars 1902 puis ré évoqué en 1907. Le principe est adopté le 29 décembre 1909 « construction d’une nouvelle Mairie avec un hôtel des postes et télégraphes ».
A cet emplacement se tenaient trois maisons appartenant à Messieurs VATTEMENT, DEDDE et GRANCHER ainsi que la boucherie, propriété de la commune.
La construction débute en 1910 sous les mandats de Messieurs Albert LIEURY, Joachim EDOUARD et Alexandre VATTEMENT pour se terminer avec Louis JULIEN en 1921.
Le 23 septembre de la même année la municipalité achète les terrains. Le 11 août 1911 à la suite de la sécheresse persistante de cette année, elle décide la réouverture du puits communal.
Les travaux de construction de la mairie ont été confiés aux Frères CORRUBLE de Saint Romain. Le 19 avril 1912, les travaux sont arrêtés, le Conseil demande de sommer Messieurs CORRUBLE d’avoir à reprendre leurs travaux dans le délai de 10 jours. Pour l’emploi de la brique demandée par l’architecte, il est prévu dans le devis des briques de premier choix et la dénomination brique blanche ne veut nullement dire brique jaune du Havre de qualité absolument inférieure.
L’affaire s’enlise, on fait appel à des experts qui proposent un compromis d’arbitrage le 06 octobre 1913. Le 06 décembre, Monsieur le Maire « vu l’extrême urgence », demande au Conseil Municipal l’autorisation d’agir en conséquence.
Le 18 janvier 1914, une nouvelle mise en demeure est faite aux frères CORRUBLE afin qu’ils aient à reprendre d’ici 10 jours les travaux de la Mairie.
Cette mise en demeure n’a pas été suivie d’effet puisque la guerre arriva sans que les travaux soient finis, mais cependant bien avancés.
En 1915 on procède à l’empierrement de la place du marché, aujourd’hui devenue place Georges Chédru.
En 1916 la poste s’y installe, loue les locaux de la mairie et accepte d’y entrer sans que les travaux soient terminés. Le 08 mars 1918, les travaux doivent reprendre mais le 28 mars le conseil municipal réclame aux frères CORRUBLE une somme de 35 000 F comme indemnités pour le préjudice qui lui a été causé par la non terminaison des travaux en temps normal et sur la plus value à payer par suite du surenchérissement des matériaux aux divers entrepreneurs pour terminer les travaux.
Le 25 avril 1919 a lieu la réception provisoire des travaux. Le 22 octobre 1920, la commune demande l’autorisation de payer les travaux et procède à la réception définitive des dits travaux.
Enfin le 03 juillet 1921, c’est l’inauguration de la nouvelle mairie.
Chef lieu d’un doyenné de l’archidiaconé du Havre, Criquetot l’Esneval possède une église toute simple mesurant 44 mètres de long, 18 mètres de large et 23 mètres de haut qui est dédiée à Notre Dame de l’Assomption.
Bâtie sur un terrain occupé autrefois par les Gallo-romains, la première église daterait du XIème siècle. Des sépultures, des ossements ont été trouvés dans les jardins du château, du presbytère et dans les fondations de la mairie (celle de 1848).
Elle a été plusieurs fois ruinée pendant les guerres, d’après une date trouvée sur un soubassement, elle aurait déjà été reconstruite en 1535. L’actuelle église date de 1848.
De l’ancienne église, il ne reste que le clocher, (corps carré roman du XIème), il était à l’époque placé entre le chœur et la nef ce qui vous donne un aperçu des modifications apportées à l’édifice.
Elle possédait trois cloches avant la Révolution, cassées toutes trois en 1792 et furent remplacées en 1838 par celle refondue par Cartenet de Guetteville.
Cette cloche, dénommée MARIE, pèse 1200 kg, mesure 1 mètre 130 de diamètre et donne le sol.
Les deux autres dénommées ALBERTINE et HENRIETTE donnent le mi et le fa. Elles furent mises en place en 1890.
Lors de la Révocation de l’Edit de Nantes, l’église de Criquetot eut le triste privilège de recueillir 21 abjurations, ceux qui ne voulurent pas abjurer partirent vers d’autres pays d’accueil depuis les plages d’Etretat et de Bruneval.
Lors de la dernière reconstruction de l’église on a permuté l’axe de l’église ; l’ancien sanctuaire sert maintenant de porche.
Deux chapelles formaient autrefois le transept, elles se trouvent actuellement de chaque côté de l’entrée, elles possèdent des fenêtres gothiques flamboyant.
Les trois grandes toiles du XVIIIème siècle qui ornent le sanctuaire « Jésus au jardin des Oliviers », « Jésus tombant sous la croix » et « l’Assomption », attribuées à BOUCHER, proviennent d’une église rouennaise et sont arrivés à Criquetot au début du XIXème.
Une sculpture assez rare : un antéfixe à corps de lion et tête de sphinx se trouve actuellement près du porche de l’église.
Après 1 an de travaux avait lieu le 15 décembre 2013, l’inauguration pour la réouverture de l‘église Notre Dame de l’Assomption de Criquetot l’Esneval.
Un patrimoine qu’il fallait sauver en raison de sa grande souffrance accrue par la présence de mérule. Une restauration parfaitement réussie. L’église a retrouvé tout son éclat avec notamment de magnifiques voûtes surplombant la nef principale.
Pourquoi l’escalier permettant de rejoindre la place du marché porte l’appellation étrange de « mont à finance » ?
Tous ici connaissent l’escalier situé en face de l’assurance MMA, permettant de rejoindre la place du marché, sans contourner les maisons, mais bien peu savent que ce passage portait un surnom au temps où le marché était florissant : « Le Mont à Finance ».
Pourquoi cette appellation quelque peu bizarre ?
Elle fait partie de l’histoire locale. En ce temps, existaient déjà les impôts et le receveur se tenait à la disposition des contribuables venant au marché, dans un coin de celui-ci, précisément au sommet du petit escalier.
Leurs affaires terminées, ceux qui passaient dans la rue, désirant acquitter leurs dettes au Trésor Public disaient aux amis qu’ils devaient quitter quelques instants : « je monte à finance » !!
C’est ainsi que cet escalier fut surnommé « Le Mont à Finance ».
Histoire de la gendarmerie sur Criquetot L’esneval, et notamment sa gendarmerie impériale encore visible de nos jours.
La gendarmerie nationale a des origines qui peuvent se confondre avec celles des troupes de la maison du roi, dont elle porte encore de nos jours l’insigne distinctif, l’aiguillette blanche, et avec celles des célèbres compagnies des gens d’armes d’ordonnance, créées par Charles VII en 1445.
La gendarmerie nationale est surtout issue d’unités relevant de l’autorité des maréchaux de France, les maréchaussées, qui étaient chargées d’exercer la police et la justice dans les troupes royales en campagne. Sa compétence fut étendue aux troupes en garnison par Louis XII (1514) et à l’ensemble de la population par François 1er (1536).
En 1720 elles sont payées par l’Etat.
En 1791 l’assemblée constituante dispose que la maréchaussée portera le nom de gendarmerie nationale, devenue gendarmerie consulaire puis impériale.
Nous pouvons encore de nos jours deviner au fronton de cet immeuble dont les écuries donnaient sur la rue des Prés, le nom de « Gendarmerie Impériale ».
L’empire établit une brigade de gendarmerie de cinq hommes à pied en 1804.
Actuellement: Une boulangerie.
Le Manoir de l’Ecluse est un beau Manoir rural à pans de bois de la région.
La maison est très intéressante et représente bien ce qu’était une ferme manoir.
Découvrez dans cet article son histoire:
A cet endroit, dès le moyen âge, selon l’abbé Cochet, il devait exister une motte (d’où le nom de l’Ecluse: une barrière qui empêche de passer et non la retenue d’un quelconque point d’eau). Il semblerait d’après la légende que cet endroit aurait été une commanderie de Templiers.
Le Manoir de l’Ecluse est un beau Manoir rural à pans de bois de la région. Rez-de-chaussée en pierre de taille décorée de silex en bandes de différentes largeurs et en damiers noirs et blancs. Ses ouvertures sculptées à la manière encore un peu gothique laissent à penser qu’il a été construit au début du XVIème siècle. La massivité de l’ensemble marque son souci de défense.
L’étage est en encorbellement sur les sommiers du rez-de-chaussée. Au XIXème siècle les propriétaires du Manoir rehaussèrent l’arrière du manoir pour construire des pièces au premier étage ; on voit d’ailleurs dans le mur la trace de l’ancienne pente du toit. La pente de la face postérieure du toit l’apparentait aux manoirs construits par les moines du Valasse, à l’appui de cette thèse la croix creusée dans la pierre à côté de la porte d’entrée.
Ce manoir a été acquis par la famille de Rallemont au cours du XVIème siècle et est resté dans la même famille par héritages au travers des femmes jusqu’à nos jours. Le premier acte de vente date d’il y a quelques années lorsque Madame Clauzel, l’actuelle propriétaire, a acheté ce manoir à sa sœur qui en avait hérité et désirait s’en défaire. C’est Madame Clauzel qui a mené à bien la dernière restauration de ce manoir.
Le colombier de l’Ecluse est de forme octogonale. Une forme assez originale mais assez courante dans la région. il était le signe de noblesse du sieur de l’Ecluse : Hector RALLEMONT.
Il possède un toit couvert de tuiles plates également à 8 pans, une lucarne d’envol dirigée comme toujours vers le sud et un épi de faitage.
Il est partagé en deux niveaux, le premier étage : colombier proprement dit le rez-de-chaussée qui fut peut être un poulailler ou une étable.
Le corps du colombier est composé de bandeaux alternés en pierres de tailles, de briques, de silex blancs et noirs en damiers.
Le soubassement, le larmier, la corniche et les chaînages d’arêtes sont en pierre de taille.
Au dessus de la porte du colombier ce qui reste d’un cadran solaire qui ornait ce bâtiment.
Ce décor nous indique l’époque de construction de ce colombier : la brique n’apparaissant dans l’architecture du Pays de Caux qu’au début du XVIIème siècle et le silex noir (typique de cette région) laissant la place à la brique dès le milieu du XVIIème siècle. Le cellier construit non loin est de la même époque et l’on peut voir sur une poutre la date de construction : 1623.
Il n’y a pas de dimension imposée pour les colombiers. Il est seulement observé que pour une question d’harmonie et d’équilibre le diamètre du colombier doit varier entre les 2/3 et les 3/4 de la hauteur de celui-ci.
Une Criquetotaise, Marie Lefebvre née en 1800, s’occupa des plus déshérités locaux. Sa charité laïque fut récompensée lorsqu’elle reçut l’héritage d’un parent qui lui permit en 1856 de faire édifier une grande propriété rue d’Hareauville. Elle y accueillait et y soignait une vingtaine de vieillards.
Ce manoir est maintenant une propriété privée.
Les hameaux de Criquetot sont au nombre de 22.
Ils sont pour la plupart articulés autour de clos masure, structure agricole traditionnelle du Pays de Caux
Tous les hameaux n’ont pas cette origine, certains sont d’anciens fiefs médiévaux:
– La Barre
– l’Ecluse
– Mondeville
D’autres rappellent l’implantation protestante de XVIIème siècle:
– Le Prêche
– La Régie
– Le Temple: Cette partie de Criquetot, voisine du canot, doit sa dénomination à l’existence à cet endroit, du temple protestant qui fut inauguré en avril 1836. il fut bâti par la communauté protestante sur un terrain donné par des demoiselles LONDEL et grâce aux souscriptions des adeptes de Criquetot et de la région.
Lieux-dits dont la dénomination provient de la flore ou de l’exposition :
– Les Châtaigniers
– L’Ormerie
– Le Beuzeboc (le bois de Boso)
– Le Beau Soleil
– La Charreté de Vesce
– La Carrhée
Dénominations dues à la destination ou aux métiers exercés à l’endroit désignés :
– Le Moulin (1600)
– La Forge (1900)
– La Corne (1713) (ancienne auberge à l’enseigne « A la corne de cerf »
– Le Barbot (1775)
-Les Sept Cheminées (1800)
-Le Calvaire
-Le Canot. L’Abbé Lebret, dans son formidable travail de tous les actes de baptêmes, mariages, inhumations de la paroisse de Criquetot-L’Esneval, depuis 1605 jusqu’en 1778, indique au nom Michel Leroux, dit « Canot » car on prétend que sa maison était une guinguette où l’on canotait (de canet : cruche à cidre) et qui se trouve sur la petite route vicinale n°3 de Gonneville-Angerville.
D’après certains auteurs, les protestants de Criquetot se seraient réunis dans cette maison de Michel Leroux vers 1550.
– La Carrhée (du Normand qui désigne un cheval attelé à une charrette)
– Lieux-dits dont le nom provient de la nature du sol ou de sa configuration :
– La Mare Féron
– Le Vivier
Lieu-dit tout à fait oublié, c’était une petite mare se trouvant à l’angle de la route de Goderville et de la rue passant devant l’église, nommée rue de Verdun. Cette mare, entourée d’une grille a été rebouchée il y a une cinquantaine d’année et, sur une partie de son emplacement, fut installé un stand de tir. Depuis il y a eu la construction d’un bâtiment des Télécom. Il est fort possible que cette mare datait de l’époque où le tertre voisin était lieu d’observation ou de défense, afin que ses occupants aient de l’eau à leur disposition. Elle était donc très ancienne.
Autres lieux-dits :
– Le Percoq
– Le Gaillot
Le parcours historique et du patrimoine
Ce parcours permet de visiter Criquetot-l’Esneval : suivre les totems disséminés dans le bourg.